Que l’on passe de la guerre aux rapports économiques et rien de notable ne change dans le raisonnement. Quirinus, dieu de la production, ou Hermès, qui préside aux échanges, peuvent endiguer la violence plus efficacement parfois que Jupiter ou Mars et usent, pour ce faire, des mêmes procédés que ce dernier. Dieu unique en plusieurs personnes, Mars appelle guerre ce que les deux premiers nomment concurrence : poursuite des opérations militaires par d'autres moyens, exploitation, marchandises, argent ou information. Plus caché encore, le vrai conflit reparaît. Se reconduit le même schéma : par leur laideur et les ordures qu’accidentellement ils répandent, les usines chimiques, les grands élevages d’animaux, les centrales atomiques ou les pétroliers géants ramènent la violence objective globale sans autres armes que la puissance de leur taille, ni autre finalité que la recherche, commune et contractuelle, de la dominance sur les hommes.
Appelons objet-monde un artefact dont l’une des dimensions au moins, temps, espace, vitesse, énergie... atteint l’échelle du globe : parmi ceux que nous savons construire, bombe ou satellite, nous distinguons les militaires d’autres purement économiques ou techniques, alors qu’ils produisent de semblables résultats, dans des vicissitudes aussi rares mais fréquentes que les guerres et les accidents.
Alliés de fait pour les mêmes raisons et contrats que tantôt, les concurrents pèsent de tout leur poids sur le monde.
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Concurrence